Ouverture de la 2ᵉ session ordinaire au Palais des Gouverneurs : le président Vlavonou appelle à un sursaut de responsabilité et de patriotisme

L'intégration africaine à repenser


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Les députés béninois ont tenu, ce vendredi 31 octobre 2025, au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, la cérémonie d’ouverture de leur deuxième session ordinaire au titre de l’année conformément aux articles 85 et 87 de la Constitution béninoise. Ce rendez-vous solennel, marqué par la présence de nombreuses personnalités, a notamment accueilli le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Malick Ndiaye, invité d’honneur.

Deux moments forts ont ponctué cette cérémonie d’ouverture : les interventions du président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Malick Ndiaye, et du président du Parlement béninois, Louis Gbèhounou Vlavonou.

Ce dernier, dans un ton à la fois solennel et lucide, a d’abord remercié ses pairs et les invités pour leur présence à cette dernière session de la 9ᵉ législature, avant d’aborder l’un des grands défis du continent : l’intégration africaine.

L’intégration par le haut en question

Évoquant la vision panafricaniste qui inspire depuis les indépendances l’idée d’une Afrique unie, le président Vlavonou a revisité les fondements et les limites de ce qu’il appelle « l’intégration par le haut », celle conduite essentiellement par les dirigeants politiques et les élites.

« L’intégration par le haut, a-t-il rappelé, est surtout prônée par les panafricanistes. Avant et après les indépendances, des leaders comme Kwame N’Krumah rêvaient d’une Afrique une et indivisible, sans frontières, fédérant ses ressources humaines et naturelles pour peser sur la scène mondiale. »

Une ambition porteuse d’un idéal humaniste, selon lui, car elle répond au désir naturel de fraternité entre des peuples ayant partagé les mêmes épreuves : traite négrière, colonisation, néocolonialisme… Toutefois, le président Vlavonou a reconnu que cet élan n’a pas résisté aux réalités politiques.

« Les gouvernants, au bout du compte, ne sont pas prêts à subordonner les intérêts immédiats des politiques nationales aux objectifs économiques et sociaux à long terme du continent », a-t-il déploré, estimant que « le mal est profond » et appelle une nouvelle approche de l’intégration africaine, plus ancrée dans les peuples que dans les élites.

Un appel à la sérénité en période préélectorale

Dans la deuxième partie de son discours, Louis Gbèhounou Vlavonou s’est adressé au peuple béninois dans un contexte politique particulièrement sensible, à l’approche des élections générales de 2026.

Le président du Parlement a invité les acteurs politiques et l’ensemble des citoyens à préserver la paix et la stabilité institutionnelle.

« Je n’ignore pas les préoccupations suscitées par les récents développements liés à la participation de certaines formations politiques au scrutin présidentiel à venir, a-t-il déclaré. Sans juger ni commenter, il nous revient, à nous représentants du peuple, de garder la tête froide, la parole juste et le cœur grandement ouvert. La démocratie n’est pas seulement une compétition pour le pouvoir ; elle est avant tout un espace de dialogue, de respect mutuel, de tolérance et de foi en la République. »

Et de marteler : « Le contexte exige de chacun de nous un sursaut de responsabilité et de patriotisme. Nous devons, ensemble, préserver ce bien commun qu’est la paix, garantir la stabilité de nos institutions et faire en sorte que la confiance du peuple en la démocratie béninoise ne soit jamais ébranlée. »

Hommage à Me Renaud Agbodjo : le choix du pardon et de la paix

Le président Vlavonou a également salué la posture républicaine de Me Renaud Agbodjo, dont la récente réaction à la suite d’une décision de la Cour constitutionnelle a, selon lui, honoré le débat public béninois.

Au regard de l'acte posé par le candidat recalé, le président Vlavonou a invité les acteurs politiques à s’inspirer de son attitude.

« Son appel vibrant à rejeter toute forme de violence et à préserver la concorde nationale doit être entendu et relayé par chacun de nous, acteurs politiques, institutionnels et citoyens. L’amour du Bénin doit toujours transcender les ambitions et les contingences partisanes. La paix n’est pas une option, mais une responsabilité partagée », a insisté le président du Parlement.

Louis Gbèhounou Vlavonou a mis un terme à son discours sur une note d’espérance, rappelant que la grandeur d’une nation réside dans sa capacité à surmonter les divisions pour construire l’avenir ensemble. « L’histoire nous regarde, et les générations futures jugeront notre aptitude à transcender nos divergences pour bâtir un Bénin toujours plus juste, plus uni et plus émergent », a-t-il lancé.

Armand D.