Chronique de CHA / L'humanité, la respiration de Dieu dans le cœur des humains !
Opinion
Dans un monde où l’indifférence semble gagner du terrain, la présidente du mouvement "Dynamique CHA", Christhelle Houndonougbo Alioza nous rappelle, à travers des gestes simples et des mots justes, que l’humanité demeure le souffle divin qui relie les cœurs. Une invitation à réapprendre la bonté, non comme une posture, mais comme une respiration essentielle à la vie commune.
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L'humanité, la respiration de Dieu dans le cœur des humains !
Chers ami.e.s
Samedi dernier, sur la voie du cinquantenaire à Porto-Novo, un conducteur de taxi moto s’est arrêté pour aider une femme de la cinquantaine à traverser avec son petit-fils. La circulation était dense, les klaxons s’impatientaient, mais il a pris le temps de l’accompagner jusqu’à l'autre côté de la voie. Hier seulement à Cotonou, une vendeuse à la sauvette a offert une bouteille d’eau à un policier épuisé par la chaleur, sans rien attendre en retour. Ailleurs, à Parakou, un adolescent a partagé son repas avec un de ses camarades affamé sans même lui poser de questions. Ces gestes simples, presque invisibles, sont pourtant ceux qui maintiennent notre monde debout.
Et toi, quand as-tu ressenti pour la dernière fois ce frisson du cœur qui bat pour un autre ? Quand as-tu choisi d’aider sans calcul, d’aimer sans condition, de comprendre sans juger ? Ces instants de pure bonté semblent de plus en plus rares, comme si la société moderne avait troqué la tendresse contre l’indifférence.
Car la question se pose, pressante et essentielle : qu’est devenue notre humanité ? Dans un monde où l’image prévaut sur la sincérité, où la charité se fait devant les caméras, où l’aide devient un instrument de réputation, ne sommes-nous pas en train de perdre ce qui fait de nous des êtres véritablement humains ? L’humanité n’est-elle pas en train de s’effriter sous le poids du paraître, de la compétition et de l’individualisme ? Voilà la vraie problématique : comment préserver l’essence humaine dans un monde qui se déshumanise lentement, sans même s’en rendre compte ?
Mes chers ami.e.s, rappelons-nous que le mot "humanité " vient du latin humanitas, formé à partir de humanus, signifiant à la fois « homme » et « bienveillance ». Dans son sens originel, il ne désigne pas seulement l’espèce humaine, mais aussi ce qu’elle a de plus noble : la capacité de compassion, de culture et de bonté. Être humain, c’est donc beaucoup plus qu’exister biologiquement. C’est penser, aimer, espérer, créer des liens et choisir la bonté, même quand le monde invite à l’égoïsme.
Victor Hugo l'avait déjà décrit « Être bon, c’est facile ; ce qui est difficile, c’est être juste.» Et c’est là toute la subtilité de l’humanité, elle ne se limite pas à faire le bien, mais à choisir le bien, souvent au prix du confort ou de la gloire. Être humain, c’est avoir le courage d’écouter la douleur d’autrui, d’essuyer les larmes d’un inconnu, d’offrir le pardon là où la vengeance serait plus tentante.
Aujourd’hui pourtant, cette humanité se met en scène. Les caméras remplacent les consciences. On aide quand on est vu, on s’indigne quand cela fait tendance, on console quand cela attire l’attention. Mais la véritable humanité se vit dans la discrétion. Elle ne réclame ni projecteurs, ni reconnaissance. Elle se manifeste dans ces gestes silencieux. Une infirmière qui veille toute la nuit auprès d’un patient, un enseignant qui croit encore en ses élèves, un voisin qui partage son électricité avec autrui pendant une panne. Albert Schweitzer disait « L’exemple n’est pas la principale manière d’influencer les autres, c’est la seule. » Ces gestes quotidiens, souvent invisibles, influencent bien plus qu’un grand discours. Car ils rappellent que l’humanité n’est pas une idée , c’est une action, un mouvement, un souffle.
Sur le plan social, elle est la clé du vivre-ensemble. Elle bâtit les ponts que la peur détruit et répare les fractures invisibles. Sur le plan moral, elle nous élève au-dessus de nos instincts les plus bruts. Elle nous rappelle que la puissance n’a de sens que si elle est au service du bien. Sur le plan spirituel enfin, elle est le visage de Dieu en chaque être vivant. Comme le disait l’Abbé Pierre « On n’a pas le droit d’être heureux tout seul. »
Mais l’humanité n’est pas infaillible. Elle se heurte à ses propres limites : la peur, l’indifférence, la fatigue, la blessure. Nous voulons être bons, mais la méfiance nous enferme. Nous voulons donner, mais la peur d’être trompés nous freine. Nous voulons croire en l’autre, mais nos blessures passées nous rendent durs. Pourtant, comme l'a indiqué formellement Martin Luther King « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous périrons ensemble comme des insensés. »
Mère Teresa a vu Dieu dans chaque visage meurtri. Nelson Mandela a choisi le pardon là où d’autres auraient choisi la haine. L’Abbé Pierre a crié la misère au nom de la dignité. Ces figures n’ont pas cherché à être parfaites, mais à être profondément humaines. Leur héritage nous enseigne une vérité simple : la plus belle prière n’est pas dite avec les lèvres, mais avec les actes.
Ce mois de novembre, mois de transition et de lumière intérieure, nous invite à redevenir ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être : des êtres de compassion. Que notre bonté ne soit pas spectacle, mais sincérité. Que notre regard console, que nos paroles réparent, que nos mains soutiennent. Car au soir de la vie, ce ne sont ni nos titres, ni nos richesses qui parleront, mais la trace d’amour laissée dans le cœur des autres. Antoine de Saint-Exupéry l’avait résumé avec justesse « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Excellente semaine à toutes et à tous. Et une pensée spéciale pour nos mères, nos sœurs, nos filles . Le mois rose s’est refermé, mais la vigilance continue. Le dépistage demeure un acte d’amour envers soi-même et envers ceux qui tiennent à nous.
Restons humains. Restons solidaires. Continuons d’aimer, même dans l’ombre, même dans le silence, même sans témoin. Car l’humanité, c’est la respiration de Dieu dans le cœur des hommes.
CHA
Femme Noire, Femme de Pouvoir !

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