Un leader, c'est un chef de file, un meneur, un guide. Pris en ces termes, la définition du mot renvoie à un sens positif où une personne sait entraîner un groupe à sa suite. Bien évidemment, un groupe est acquis à la cause d'un leader quand les aspirations sont communes. 

Il ne s'agit pas pour l'un de s'improviser maître du destin du plus grand nombre. Il ne s'agit pas seulement d'être le plus âgé ou le plus robuste du groupe. Il s'agit tout simplement d'avoir l'aura qu'il faut pour conduire l'ensemble de la troupe à bon port.

Qu'en est-il alors dans la réalité des faits, surtout sous nos cieux où les mots et concepts sont parfois galvaudés ? C'est justement cette propension à détourner les mots de leur sens sous les tropiques qui inquiète le chroniqueur.

D'abord, nous sommes issus de sociétés traditionnelles très bien structurées. Nos communautés à la base sont organisées à telle enseigne que le leader est reconnu par tous et investi du pouvoir moral d'être le guide de l'ensemble. Il reçoit les bénédictions des plus nantis et des plus âgés, qui voient en lui l'homme capable d'être devant.

Mais de nos jours, avec la société moderne et surtout avec le développement des réseaux sociaux, les jeunes leaders se comptent à tout bout de champ. La politique aussi s'en est mêlée. Le cadre de l'administration, parce qu'il a été appelé à servir la République, se trouve subitement des atouts de leader politique et s'écarte totalement de son couloir de technocrate bon teint qui pourtant lui va si bien. Un jeune diplômé sans emploi, parce qu'il doit joindre les deux bouts voit en la politique son seul salut. Et pour y arriver, il se donne à travers les médias une petite visibilité qui lui sert de passerelle pour le champ politique.

N'est-ce pas un réel engagement au service de la communauté que de se mettre au devant de la scène en tant que leader ?

J'avoue que c'est heureux de constater un fort engouement des jeunes à s'intéresser à la chose politique, aux sujets de société. Qu'ils se fassent appeler leader d'opinion, leader religieux, leader politique, ou autres, les sujets à aborder existent. Mais qui va applaudir qui, si tout le monde se met en scène ? Qui va conduire qui, si tout le monde se met devant ?

C'est justement là que naissent, se développent et se renforcent les conflits de leadership. Tout le monde se dit meneur et personne ne veut laisser le lead à l'autre. 

Il se pose alors un problème d'humilité et de confiance au sein d'une même génération. Plutôt que d'être des soutiens les uns pour les autres, on se détruit, on s'entrechoque et on laisse de côté l'essentiel.

Pourtant l'avenir du pays est entre nos mains et nous avons le défi de nous mettre ensemble !

Source : LE GRAND RENDEZ-VOUS du DIMANCHE 02 MARS 2025 / Canal3 

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